Toujours et encore des tomates… un peu moins goûtues avec le temps. Et bientôt nous glisserons vers la patate douce (encore que nous n’ayons pas osé regarder de près si elle a daigné grossir ou pas…).
La nature semble nous dire : « Restez au calme, on se charge de tout noyer. »
Et elle fait ça bien. Elle se donne du mal pour transformer le bas de nos champs en lac où émergent à peine les fanes de nos légumes comme de petits fantômes stagnants. Nos yeux suivent les rivières qui dévalent nos chemins et nos serres et, vacances scolaires approchant, nous n’insistons pas sur les récoltes pour éviter de laisser tous nos légumes en haut de petites buttes créées par l’empreinte de nos pas.
Nous envisageons, avec la douceur du temps, de nous installer sous un auvent pour écouter la douce mélodie de la pluie et regarder tranquillement l’œuvre de la nature emporter 2024…
Semaine 42 : vous prendrez bien encore un peu d’eau ?
Pour avoir de l’eau, nous en avons eu… approximativement 80mm puisque les débordements ne comptaient pas. Cela donne au lendemain des paysages fantomatiques aux premières lueurs de l’aube avec toutes ces gouttelettes suspendues. Et une jolie musique de floc-floc à chaque pas.
Certains légumes nagent très bien comme le poireau. Et peut-être que nos épinards deviendront jaunes à garder les pieds dans l’eau. Et que le céleri fera moins le malin en nous attrapant la ch’touille. Nous avions eu le bon goût de rentrer les courges, de ne pas vivre dans le 77 avec sa vingtième inondation de l’année et d’envisager une barque en investissement 2024…
Nous ne savons plus s’il fait beau ou pas. Mais nous nous réjouissons de chaque minute de jour sans une goutte. Certes, il faut reprendre la fourche pour les poireaux, éplucher la mâche et désherber les fenouils. Mais sans avoir nos superbes imperméables verts et c’est merveilleux de pouvoir entendre les oiseaux plutôt que le bruit de l’eau sur nos capuches. Progressivement nous mettons nos champs au chaud pour l’hiver. Nous éliminons les souvenirs d’été pour y mettre salades et mâches. Les épinards grossissent doucement. La tétragone rétrécit doucement. Les bettes règnent en maîtresse. Le céleri rave s’épanouit. Les courgettes disparaissent. Le temps glisse. Les journées s’étirent encore mais le repos s’approche à pas lents. Alors nous ralentissons pour qu’il nous rattrape et qu’on marche côte à côte vers l’hiver…
Avant de parler du panier, une photo de notre nouveau lieu de préparation et de distribution, sous la halle couverte du marché de Plaisir. Désormais, c’est là que nous officions, chaque jeudi.
Le choix glisse un peu, garde quelques valeurs sûres, se renouvelle, innove presque… Un panier à la croisée des chemins, entre été et automne, saupoudré d’hiver… en attendant choux et céleris (qui vous font des bisous d’impatience).
En attendant la vague de pluie, le Grand Chef a sauté sur son tracteur, kidnappé les gars et a fini d’arracher ses patates sous la Pleine Lune qui permettait une extraction comme en plein jour !
Pendant ce temps, les haricots semblaient revenir du front, suite aux nuits polaires. Les tomates font leur Princesse et ne doutent pas de notre statut d’esclave en exigeant des aérations à la hauteur de leur rang. Les poireaux sont bien visités et sont garants de notre label à eux seuls. La salade n’aime pas du tout, mais alors pas du tout, ce temps et fait grève de la feuille. Nous voyons d’un mauvais œil la multiplication des caractères princiers dans nos champs. L’éducation positive semble avoir une limite qui est notre asservissement à la cause végétale.
L’automne contamine doucement les paniers et s’étale de jour en jour en même temps que les températures descendent… On essaye de garder les tomates au chaud…
Nous étions contents de la collaboration cette dernière semaine avec nos légumes estivaux… et la météo nous a trahis ! Nos rêves brisés avec des nuits à mettre des chaussettes pour dormir !
Bref, nous attendons de constater si la prophétie se réalise et nous aviserons après pour notre humeur. En prévention, nous baissons les ouvrants des serres pour garder quelques degrés.
Et, de toute façon, l’envie de soupes se fait sentir pour le plus grand plaisir du céleri qui frétille d’être bientôt une star, et nous bichonnons courges et poireaux, même si, en y regardant de plus près, ces derniers ont déjà été visités, voire même sont habités pour certains… mais au moins, on est sûr que c’est bio !