Petit bilan de l’année 2021 (parce que, la semaine prochaine, ma tête sera envahie uniquement par toutes les merveilleuses choses que je pourrais faire pendant nos vacances…).
Côté culture : les premiers mois d’hiver tout doux nous ont permis d’avoir peu de coupure sur les légumes feuilles (même pas 2 mois sur la salade contre 3 à 4 mois certaines années) et de ne pas avoir à chauffer trop tôt la serre à plants pour lancer la saison (parce que, dès qu’il y a des tomates, soit début mars, il faut minimum 10°C jour et nuit). Le coup de gelée en avril, au moment où tous les fruitiers étaient en fleurs, a sonné le glas du côté sucré de notre travail. Même les fraises sous tunnel n’ont pas aimé le -6°C et nous estimons un rendement divisé par 2. Ce qui, en soi, n’est pas grave puisque, chez la fraise, le coût de la barquette est dû au temps passé à les cueillir. Mais il a fallu abandonner nos rêves de fraises à la chantilly pour beaucoup (même si je n’ai pas manqué de faire mon traditionnel vœu lors de ma première dégustation…).
Et après, tout le monde se souvient que le mois de mars s’est étiré jusqu’à mi-août. Bref, nous nous sommes vus compléter nos récoltes de salades, courgettes et persil début août (chose que je n’avais jamais vue) puisque rien ne poussait et même pourrissait dans le champ avec le temps humide. Nous avons eu peur pour nos tomates, fait une croix sur melons, pastèques et fraises remontantes. Ainsi que sur les arbres fruitiers et la serre que nous envisagions de planter/monter pour en faire plus. Parce que nous avons réalisé deux choses. D’abord, les fruitiers dans notre région n’ont qu’une bonne année sur trois, ce qui donne beaucoup trop d’hétérogénéité dans les récoltes (et met en péril l’équilibre financier de l’entreprise). Et, ensuite, les récoltes irrégulières et peu prévisibles ne nous permettraient pas de pérenniser un poste salarial. Donc, au final, nous serions obligés de courir partout les bonnes années (comme en 2020 où Carlos, Laure et moi n’avons pris aucune vacance durant l’été ni rattrapé plus tard) et de pouvoir souffler les mauvaises avec le sentiment d’échec. Alors tant pis pour les arbres fruitiers et juste un peu pour les fraises remontantes, melons et pastèques, histoire de ne pas nous pénaliser les mauvaises années, ni de crouler sous le travail et de ne plus voir le jour les bonnes années. Parce que nous voulons cultiver le plaisir de nos vies avant tout.
Cet automne fut beau et sans inquiétude. Car, si l’été n’était pas terrible, nous savions que le temps n’avait pas impacté nos légumes de fin d’année. C’est avec plaisir que nous avons fini la saison. Du travail juste comme il en fallait, malgré le petit coup de pression de la sciatique de Laure (mais nous sommes super organisés et avons des personnes formidables qui nous ont donné un coup de main à ce moment-là !). De beaux légumes, le sourire d’une année mitigée mais pas périlleuse et surtout la joie de se projeter l’année prochaine.
Côté humain : toujours la même équipe que l’année dernière avec Bacary et Nelson pendant 8 mois, Olivier toute l’année et nous trois. Plus compliqué pour les vendeurs sur le marché mais, au final, nous avons géré, même si nous n’avons plus beaucoup de marge de manœuvre en cas d’absence (mais nous avons appris le lâcher-prise et, si ce n’est pas possible, nous ne faisons plus). Et des hauts et des bas pour les boulots d’été où l’on se rend compte que notre métier est assez dur physiquement et que tous ne sont pas capables de suivre le rythme (et, sans parler d’aller aussi vite que nous, juste de faire plusieurs semaines d’affilée). Encore de beaux enseignements dans le domaine humain, avec le constat qu’il est important de se préserver car notre corps sait nous dire quand nous en faisons trop…
Côté projet : l’envie de continuer avec bonheur de cultiver nos légumes (et de réussir patate douce et même céleri branche au programme 2022) et nos vies aussi, après ces moments émotionnellement assez contraignants. Pour le moment, une serre en plus n’est pas envisagée mais… le printemps devient un peu serré et peut-être qu’un confort supplémentaire prolongerait notre sourire. Et des collaborations pour aider de jeunes installés pour qu’ils trouvent plus rapidement que nous à vivre pleinement du métier de maraîcher (parce qu’une fois qu’on avait fait tout ce qu’il ne fallait pas, nous avons trouvé l’équilibre, alors si nous pouvons éviter certains écueils aux autres…).
En conclusion, de la fatigue, de la peur durant l’été quand nous avons vu la première flambée de mildiou sur nos tomates mais la foi en la Nature (et nous avions raison car tout s’est bien passé !) et beaucoup de joie et de plaisir à travailler ensemble, à entendre vos retours positifs et à regarder demain avec envie (mais après avoir tiré le rideau quelques jours…).
Belle semaine !
Et n’oubliez pas le feu d’artifice vendredi 17 décembre à 18h30 à l’Institut (lieu de vente à St Rémy).