Archives pour la catégorie ‘Dans les champs – la gazette de Céline’

La gazette du 05/09 au 09/09 2016

mardi 6 septembre 2016

Souvent quand vous nous cherchez dans les champs, il faut écouter et nous sommes là où il y a de la musique.

Avant le portable, il y avait les radios portatives (et les piles !!!). Maintenant, il y a la musique. Partout. Parfois braillant. Avec une enceinte. Souvent avec un son de mauvaise qualité. Dans nos oreilles. Au hangar, bloquée sur la seule station que nous captons. Nous nous trémoussons (parfois et seul). Il y a les chansons débiles qui font sourire et qui restent. Il y a nos humeurs. C’est aussi une façon d’échapper aux têtes à têtes avec nos légumes. Cela devient un souvenir qui nous rattrape hors de nos champs quand nous entendons un air qui nous a accompagné.

Souvent les conversations remplacent la musique. Mais seul, nous la mettons, au fond de notre poche ou dans le sac d’élastique au persil. Sur la brouette aux fleurs. Au fond de la poche d’imperméable les jours de pluie.

Imaginez : l’immensité du champ, une pluie fine tapotant sur la capuche, des haricots humides, la terre avalant vos bottes et cette petite musique, comme la promesse d’un bon moment.

Parce que la vie est plus légère en musique. Parce que le samedi soir, notre lit est plus attractif qu’une piste de danse. Parce qu’à cet instant, il n’y a personne autour de moi… sauf cette musique, un peu idiote, très souriante qui donne au lundi un air de fête malgré la bruine et tout ce qui nous attend dehors!

 

Merveilleuse semaine…

La gazette du 29 août au 02 septembre 2016

lundi 29 août 2016

Cette semaine, je mets les bouts. De l’égoïsme, un maillot, mes filles, mon mari et nous quittons les légumes.

Deux jours d’infini gris. Deux jours à ne pas entendre l’arrosage. Deux jours à respirer la mer.

Oublions la terre. Sourions à ce qu’il restera aux autres. La liste est faite. Le champ peut s’effondrer, je m’en fous. Pendant deux jours, je serai ailleurs.

Pour mieux apprécier ce qu’on a. Pour chérir ma binette. Pour compter les minutes avant votre retour de vacances.

Après tout, les choux sont propres. Les céleris aussi. Les poireaux également et mon père ne chuchote pas encore aux oreilles des pommes de terre.

Le moment est parfait.

Juste deux jours à ne rien faire, si, à rire, à manger et à rendre possible l’automne.

Deux jours à envisager le meilleur, parce que Juin a été le pire de 2016.

Deux jours à apprécier la liberté d’avant l’école.

Même si j’aurais pu les passer au milieu des légumes. Ne pas avoir d’horaire. Encore un peu, juste un peu.

Merveilleuse semaine…

La gazette du 22 au 26 août

mardi 23 août 2016

Il y a les jours où le soleil dore notre peau, où le vent danse avec les feuilles, où l’arrosage égaye nos oreilles. Il y a les jours où la pluie chante sur les serres, où les camaïeux de gris nous rappelle la Normandie, où la flaque de boue est une part d’enfance.

Mais parfois, le soleil ne fait que piquer et l’eau gouttant sur le bout de notre nez nous agacer.

Et puis, notre botte reste au fond de la boue. Alors nous rions. C’est notre vendredi.

Vous ai-je déjà raconté nos vendredis ? Parce qu’il peut y en avoir plusieurs dans une semaine…

Vendredi est le jour où nous sommes fatigués. Vous savez, ce jour où rien ne va et peu importe le sens dont nous nous y prenons. Ils surgissent sans crier gare. Nous pouvons nous cogner à tous les chambranles de porte, faire tomber une pile de légumes, glisser là où nous le savions, se retrouver tremper par la fuite (que nous surveillons toujours !) du tuyau, mettre la main dans un potiron pourri…

Et partir dans un fou rire. Rire à en perdre haleine.

Et emporter notre entourage avec nous.

C’est un peu notre weekend d’une journée, notre graine de folie, notre porte dérobée.

Donc nous rions quand nous pourrions dire : « ils ont touché le fond mais creusent encore »… mais après avoir bien râlé, parce que, quand même, la pluie qui mouille les fesses sous prétexte qu’elle n’est que passante, c’est pas d’la juste…

Merveilleuse semaine…

La gazette du 15/08 au 19/08/2016

mardi 16 août 2016

Souvent on nous dit que nos légumes sont un goût inimitable.

La terre en est certainement la responsable, mais nous aimons croire que ce sont toutes les histoires qu’ils entendent.

Parce que, mine de rien, nous passons des heures et des heures courbés sur nos légumes. Parfois seul, et il n’est pas rare de nous entendre soliloquer. Souvent en binôme, donc nous papotons de façon plutôt intimiste. Quelquefois en meute pour les gros travaux et les conversations se nouent au gré des croisements dans les rangs.

Il y a Alberto qui susurre à l’oreille de Jaja (le chien) la façon dont il le mangera, frictionné à l’huile d’olive avec de petites patates autour. Nous entendons les derniers résultats de foot ou des JO. De grandes questions existentielles planent. Les histoires de cœur. Des questions indiscrètes. De bonnes nouvelles. Des personnes qui meurent. Des rires. Des idées de goûter (souvent lancé par Alberto). Des râles de douleur. De l’agacement quand nous nous faisons encore arroser. De la « déprimitude » quand le bout du rang n’arrive pas. De la joie quand le carré est, enfin, fini.

Bref, nos légumes prennent le meilleur de notre terre, mais sont bercés par nos murmures, abreuvés de nos petits bonheurs et affinés sous notre amour.

Ce qui donne un goût inimitable…

Bonne semaine…

La gazette du 8 au 12 aout 2016

lundi 8 août 2016

Le calme avant la tempête. Les vacances sont là, nous effleurant les pieds, trottant dans notre esprit. Vous n’êtes plus très nombreux, surtout très absents. Enfin, tout dépend où. Parfois, il fait chaud, très chaud, et pourtant, la polaire n’est pas loin.
Nous sommes au 15 Août, ou presque. Quelques heures qui s’égrainent à l’infini. Un moment où rien ne se passe, avant que tout ne bascule. Avant la frénésie. Quelques heures à savourer, ou à s’ennuyer. Encore un peu, comme le moment où le réveil sonne au travers de notre couette.
Il n’y a rien à préparer, ou presque. Ce weekend, nous abandonnons nos marchés. Il y a poireaux et céleris raves à fignoler le désherbage, les tomates à bien tailler, quelques semis pour l’automne, encore une ou deux plantations, à trouver une place pour les vivaces, à arroser, arroser, arroser, à combler ce que la pluie nous a pris, à rêver de folies « septembriennes », à regarder le ciel, à choper les quelques prunes qui nous ont échappées, à se dire que des carottes bottes en janvier ce ne serait pas mal, à admirer la brume où le soleil sort de terre.
Quelques secondes d’éternité avant que l’horloge ne sonne minuit et que tout reparte… à nouveau, encore et toujours.Bonne semaine…

 

La gazette du 1 au 8 aout 2016

lundi 1 août 2016

Des heures sous le soleil, en tête à tête avec l’herbe. Avec nous-même, aussi. Des heures seuls ou à plusieurs à se croiser le long des rangs, à avancer ensemble, à semer l’Ancêtre pour ne pas savoir ce qui ne va pas (parce qu’on a des yeux !!!!). Quelques mots échangés. Sur le weekend. Sur la chaleur. Sur le prochain clafouti pour le goûter. Des heures à rêver à un grand truc frais. Des secondes à regarder l’heure. Sentir le vent. La sueur qui perle. A nouveau le vent où résonnent les cloches comptant les heures. Une voiture qui klaxonne dont nous ne connaissons pas le propriétaire. Une main sur les reins. Assis, debout, courbés. La terre meuble. La terre humide. La boue. La binette au bout du bras, une extension de nous-même. Un nuage qui passe. Le grand chef qui a besoin d’Alberto, d’André ou de Carlos. Un de moins sur le carré. Un nouveau rang. Parfois juste à côté, parfois plus haut parce que nous sommes plusieurs. Un coup d’œil sur ce qu’il reste à faire. Une pensée pour les poireaux. Le rappel des choux au bout des poireaux. Ce qu’il reste à faire. La piscine. Le soleil. La musique sur le portable. Les pensées qui passent. Les histoires qui naissent dans nos têtes. L’herbe. La marque de nos pas sur la terre. La poussière. Le grincement de la tige métallique de l’aigle épouvantail. La dernière demi-heure. Le soleil qui baisse sur l’horizon. Les ombres de la forêt qui rampent.

Et attendre demain.

Bonne semaine…

La gazette du 25/07 au 29/07/2016

lundi 25 juillet 2016

L’été est pour nous un moment particulier (encore plus cette année avec Juin et ses trombes d’eau !)

Vous partez en vacances. Nous partons un peu, les uns derrière les autres. Nous anticipons vos départs. Nous prenons en compte nos envies de farniente…
Le temps s’écoule plus lentement (surtout quand une binette est dans notre main !). Le soleil dore (et parfois crame) notre peau. Vous nous enviez notre bronzage paysan. Nous réfléchissons à éviter les marques du bronzage paysan !

Nous regardons autour de nous. Nous avons des envies d’ailleurs, des envies d’autres choses que nos légumes. Nous regardons kiwis, poules, céréales, réduction des déchets, promotions pour aller en Australie, façon de faire du miel.

Notre tête est là, nos mains aussi, notre cœur un peu plus loin. Il y a tant à faire, tant à voir. Il y a les listes dans notre tête, sur une feuille, sur notre ardoise.

Pas envie de faire plus de légumes. Pas envie de travailler plus. Mais une poule, c’est mignon, non ? Et quelques kiwis ? Bon, nous ne sommes pas prêts pour des framboisiers… Mais peut-être sur la pelouse pour votre venue ou pour les enfants (si les nôtres ne sont pas passés avant !) Et des fleurs pour faire joli, pour rappeler l’enfance, le soleil. Un morceau d’été. Un rêve de notre tête. Pour rester. Pour continuer. Pour aimer l’herbe dans les choux. Pour parfaire notre bronzage. Et avoir d’autres idées…

Bonne semaine…

La gazette du 18/07 au 22/07/2016

mardi 19 juillet 2016

 

Une semaine loin des champs pour les retrouver un peu changes… Des bonnes et des moins bonnes surprises…
Les moins bonnes sont les tomates qui n’ont pas profité de la chaleur. Tout doucement, le mildiou continue de gagner des pieds. Il colonise, petit à petit. Des haricots qui ne poussent pas, se font manger, bref qui sont absents ! Des courgettes peu vaillantes. Des potirons qui ont disparu sans laisser d’adresse.

Pour les bonnes, nous avons de la tétragone à gogo, des aubergines qui commencent enfin à donner des fruits, des petits poivrons tout verts, du fenouil qui a échappé aux lapins, des petites bettes qui poussent, poussent et du basilic qui ressemble presque à de petits buissons. Du bon, du mauvais. Un peu comme cette année.

Bonne semaine…

La gazette du 11/07 au 15/07 2016

lundi 11 juillet 2016

Cette semaine, alors que le soleil n’était encore qu’une promesse, je regardais une malope (fleur ressemblant au lavaterre), poussée toute seule au milieu des oignons moches. Une tâche rose vif au milieu de fanes jaunes qui annonce une saison très mitigée. J’ai trouvé cette fleur magnifique. Elle ne semblait vivre que pour me rappeler qu’il est essentiel de s’attacher à ces moments parfaits, nous prouvant la beauté de nos vies.

Alors oui, les tomates ont un avenir incertain. Oui, nous n’aurons que du concombre court cet été (grrr !!!!). Oui, ce ne sera pas notre meilleure année. Oui, nous avons vu pire (2012 en occurrence). Oui, beaucoup de légumes seront chers. Oui, nous avons envie de baisser (parfois) les bras pour voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Oui, la terre est basse et le soleil nous rend couleuvre.

Au final, il y a du pour et du contre, de la beauté et du désespoir, des envies d’horizon et des travaux terriens, de l’absolu et du détail, des légumes et des ratés,  de la vie et du rire.

Bonne semaine…

La gazette du 04 au 08 juillet 2016

lundi 4 juillet 2016

Quelques privilégiés ont pu croquer dans nos tomates ce week-end.

Avec une question : « sont-elles bonnes cette année ? »

Comment vous dire ? Elles sont à la hauteur de notre été… Cela fait sourire.

Il y a de la joie à cueillir, enfin, les premières tomates, mais très rapidement cette joie est  teintée d’amertume. Le mildiou est bien implanté dans la serre et l’épée de Damoclès semble prête à tomber.

Il y a du désarroi face à ces centaines de pieds qui ont tous 4 belles grappes de tomates vertes et dont le destin est suspendu aux lèvres du temps. Nous ne le cacherons pas, bouillie bordelaise et orties sont nos meilleurs atouts. Pour la deuxième fois, nous traitons en serre. Nous faisons sauter les carreaux du tour pour aérer et chasser l’humidité ambiante, encore que le vent a le pouvoir de propager la maladie plus vite. Nous étêtons les pieds parce que 4 grappes sont moins bien que 8, mais mieux que 0.

Tout cela en espérant que le temps se décide enfin à dépasser les 25°C et surtout, surtout que ce crachin, qui vous mouille les os entre deux rayons, s’arrête pour laisser place à… l’été.

Bonne semaine…