Une semaine avec re-chaleur. Re-affinage du bronzage. Re-attente d’un temps qui change (ce qui devrait être exaucé).
Sauna en serre la matin (et nous regardons d’un bon œil les tomates rougir en extérieur) avec essorage des tissus à midi. Bien que, cette semaine, petite variation du planning : les patates ! Le minimum syndical sera effectué dans les champs au profit de cette grande aventure qui excite le Grand Chef. Vite, vite, les courgettes seront cueillies en deux-deux et toute l’équipe masculine se dirigera d’un même pas (dynamique) sur l’arracheuse, menée par le Grand Maître de la Patate. Il en gèrera le rythme et impulsera l’euphorie diabolique qui coule dans ses veines.
En attendant, notre petit rythme de croisière continuera dans les autres activités des champs entre haricots et haricots à récolter …
La rentrée scolaire est, pour nous, le moment de vos bonnes résolutions, de l’adieu à nos sherpas estivaux, de l’embrayage du mode patate …
Cette semaine sera encore une mer d’huile. Nous regardons l’horizon en profitant des derniers jours de calme. Même si nous espérons rattraper les tâches en attente (ou plutôt celles qui semblent comme le supplice de Sisyphe, sauf que le caillou est remplacé par l’herbe).
Bref, des occupations entre récoltes, plantations (mâche, pain de sucre, persil, bette) et semis (radis noir, navet et chicorée) … et si nous n’avons pas encore vu le lapin blanc, sa petite ritournelle hante nos esprits.
Vous l’aurez compris … il a fallu économiser du temps cet été et le billet de la semaine est passé à la trappe.
Petit point de fin d’été …
D’abord l’arrosage a été compliqué. Sous restriction depuis mai, c’est un interdit qui nous est tombé dessus fin juillet. Heureusement, il s’est mis à pleuvoir dans les deux jours qui ont suivi, ce qui nous a permis d’obtenir une dérogation … parce que, oui, les légumes auraient (peut-être) pu survivre mais certainement pas avec des rendements permettant de sauver notre travail …
Après, il a plu pendant trois semaines . Sans s’arrêter. Ce n’était pas mieux … l’herbe et le mildiou ont proliféré …
Bref, le mauvais temps c’est celui qui dure !
Nos bébés se sont bien comportés. Nous espérons une bonne conservation des oignons. Mais les oignons blancs qui devaient être au top pour septembre ne prennent pas la tournure d’oignons frais (si nous nous basons sur la qualité de leur feuillage qui semble bien sec pour de la verdure). Tous les melons sont décédés dans leur 2ème semaine de cueille (même les saisons suivantes) donc nous abandonnerons définitivement. Les concombres ont une belle saison derrière eux (les suivants nous ont fait savoir qu’ils ne poursuivraient pas leur croissance). Les haricots ont juste ce qu’il faut en fruit. Les tomates semblent apprécier nos attentions et sont mignonnes avec nous (pour le moment mais nos Précieuses savent être capricieuses). Les poireaux sont superbes. Les choux un peu moins (l’herbe a mangé le Kale et le Bruxelles …). Les courges ne sont pas nombreuses mais de tailles honnêtes. Les courgettes vivent leur meilleure vie … pas sûr qu’elles seront d’aussi bonne constitution quand on voudra d’elles en octobre. Et je ne sais pas pourquoi, toute la salade s’est transformée en laitue. Une laitue magnifique, certes, mais une laitue quand même … Pour avoir traversé le carré à la recherche de batavia, je peux vous assurer qu’elle a choisi le déguisement laitue pommée !
Et, naturellement, le retard dans les semis … pour le moment, point de navet ou de radis noir de semé (et je ne parle pas de la chicorée).
Petit point humain : l’équipe est au complet avec de jolies couleurs de bronzage … certains grâce aux vacances. D’autres grâce aux champs …
Des tomates obéissantes. Des concombres un peu moins. De l’herbe presque disciplinée. Des heures longues. Toujours pas d’eau, juste des promesses. Les champs de céréales qui diffusent de la poussière. Nelson et Bacary avec leurs éternelles doudounes. Des adolescentes qui supportent plutôt bien le fouet. Les premiers départs en vacances qui se profilent. Cette semaine, nous commençons à cueillir les haricots dehors. Nous regardons les serres se vider et trouvons tristes ces carrés déserts, attendant les cultures pour l’automne. Encore des semis pour poursuivre le cycle de l’année, même si, à partir de maintenant, nous mettons en place l’hiver prochain … Étrange d’avoir à peine nos tomates en bouche que nous sommes déjà projetés à la saison suivante. Nous notons notre quotidien, codifié en couleur, et c’est le moment où les quantités ramassées, le fruit de nos efforts, noircissent nos pages alors que le début d’année était tourné vers nos espérances …
La sensation d’avoir un mois d’août infini s’offre à nous … L’herbe grillée des bords de route, quelques grillons qui s’aventurent à chantonner, l’orage nous murmurant sa venue sous le soleil de plomb … le décor est planté pour la saison. Toujours l’eau dans le viseur. De belles surprises, même si la terre en attend toujours plus pour étancher sa soif. De plus en plus de questions pour savoir d’où nous vient notre bronzage. Des légumes qui ont chaussé les lunettes de soleil et attendent nos soins.
Et surtout … les Précieuses tomates arrivent cette semaine …
Pas encore en retard mais loin d’être en avance, les légumes font monter la pression. L’arrosage est fini d’installer dans la nouvelle serre. Carlos remplit ses heures sombres en ouvrant et fermant l’eau. Les petits pois grillent doucement sous la chaleur. Les fraises se suivent, carré après carré. Les concombres nous laissent entrevoir leur futur. L’herbe disparaît de nos allées. La terre devient poussière. Les hirondelles piochent dans les flaques de boue éphémères pour les réparations de leurs nids. Les tomates grossissent, grossissent … et instillent l’espoir d’être à l’heure. Nous attendons le poireau à planter. Nous attendons la pluie. Et nous courons après le temps. Heureusement, mes ressources naturelles finissent le lycée et n’auront d’autres choix que de passer le temps dans les champs …
Étant plus coopérative, elle a trouvé seule ce qui lui prenait la tête : les vendredis.
Parce que c’est un jour stratégique où tout doit rouler. Les problèmes y apparaissent comme autant de grains de sable dans un engrenage. Faire rentrer des ronds dans des carrés. Vite. Aux problèmes insolubles, une touche d’ironie répond : « S’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème ». On s’adapte. Et ça passe. Les carrés sont devenus des ronds. Le « vendredi » est devenu un concept.
Un jour compliqué est automatiquement requalifié en vendredi.
Et, parfois, la semaine n’a que des vendredis … alors nous courbons le dos et attendons que les carrés s’arrondissent …
Et ce qui lui fait prendre son pied : être une super héroïne. Parce que notre boulot ne dépend pas que de nous. Entre le climat que nous souhaiterions arrangeant, le matériel conciliant et les plantes courtoises … ben, c’est pas gagné.
Certaines réussites sont faciles. D’autres plus laborieuses.
Alors suivant l’exemple d’un épisode de séries (Grey’s Anatomy pour ne pas le citer), Laure et moi nous plantons, bien ancrées dans le sol, jambes écartées, menton relevé dans une posture digne de Captain America.
Dans le cadre de nos portes ouvertes, nous avions choisi le thème : ce qui nous prend la tête et ce qui nous fait prendre notre pied, en lien avec les activités massage crânien et réflexologie plantaire … Ceux qui ont fait la visite ont eu l’occasion de lire les textes de ces prochaines semaines. Pour les autres, c’est l’occasion de nous découvrir un peu plus …
Alors nous commençons par Carlos :
CE QUI LUI PREND LA TÊTE : indéniablement, écrire pour la porte ouverte. Mais il compte sur moi pour le raconter puisque, depuis 2008, j’ai appris à décrypter le Carlos. Nous jouerons donc au « devinez-moi » …
Nous savons que Carlos fronce les sourcils quand il n’est pas content.
Donc un froncement de sourcil quand les stagiaires sont en retard.
Un double froncement quand lui est en retard pour livrer.
Un haussement de sourcil, suivi du froncement, quand une nouvelle machine arrive. D’ailleurs, elle reste une bonne année en observation avant qu’il ne daigne l’utiliser …
Mais, bien sûr, ce n’est que ma perception, alors chutttt … il ne doit pas savoir …
CE QUI LUI FAIT PRENDRE SON PIED : contre toute attente, les haricots. Pas très enthousiaste à son arrivée en 2008, il a d’abord aimé les haricots beurres qui ressortaient bien du feuillage. Avant de tous les aimer, allant jusqu’à les cueillir le dimanche …
Son 2e kiff est de ramasser les légumes à la main (en même temps, vu qu’il n’aime pas trop la mécanisation). Monsieur est très tactile. Sa main effleure les feuilles quand il se promène au milieu d’eux pour les surveiller. Il laisse les machines rangées et sort sa fourche pour les arracher à la terre. Poireaux, carottes, betteraves, céleris raves ont droit à un traitement de faveur. A la caresse de sa main …
Et son dernier kiff est de balader Junior avec lui. Le mercredi, le soir après l’école et pendant les vacances, sa réplique miniature dans ses pas, père et fils arpentent le champ. Et vous savez quoi : le fils préfère nettement les machines au travail à la main …
Une seule pensée malgré les melons, pastèques, céleris raves, poivrons et aubergines à repiquer. Malgré les semis de salades, de haricots, de fenouils, pissenlits et autres légumes. Malgré l’herbe qui gagne dans quelques coins …
Notre unique pensée, cette semaine, est la porte ouverte (j’exagère, mais quand même…)
du SAMEDI 13 MAI
Donc rappel du programme de la journée :
Vente de plants maraîchers bio par Marie-France sur nos heures d’ouverture
Réflexologie plantaire avec Karine Lecamp, réflexologue à Méré (sans réservation)
-10h15 à 11h : atelier automassage pour les adultes « mes pieds ont un message »
-11h15 à 11h45 : atelier automassage pour les enfants « à la découverte de nos pieds »
10h-12h : Découverte du massage crânien en 10min par Sabrina Viard, naturopathe aux Essarts le Roi (sans réservation)
Visite des champs à 12h
Pique-nique partagé à partir de 13h30
15h-17h massage crânien avec Sabrina (sans réservation)
15h-15h40 : atelier sur table parent-enfant « communiquer autrement avec son enfant grâce à la réflexologie plantaire » (3 tables de dispo)
16h-16h45 : atelier sur table adultes « la réflexologie plantaire pour apaiser le corps et l’esprit » (3 tables de dispo)
17h visite des champs
18h30 : animation musicale avec les Railroad Stomp
19h30 : auberge espagnole (chacun apporte et tout le monde partage)
Des nuits fraîches, des nuits plus chaudes, des jours brumeux, des jours avec éclaircies, encore beaucoup de pluie qui disparaît dans le sol. Et des fraises qui commencent à rougir. Pas à la folie. Juste timidement, pour nous dire : « on y est ». Alors, une fois que notre vœu sera fait, nous commencerons à partager avec vous. Et nous pourrons retourner à la préparation de notre porte ouverte du 13 mai et à l’irrigation dans notre serre. Parce que la 2ème saison de tomates est sur le point d’attendre après nous … et si l’hiver s’étiole (chaque semaine est un au revoir pour un légume hivernal), nos cultures de fin de printemps ne sont pas au top de la précocité. Entre manque d’eau (même si, à ce rythme, cela pourrait se régler…), vent asséchant et nuits fraîches, les attendus de mai-juin boudent dans leur coin. Soit parce que nous avons attendu avant de les planter dans leur grand lit suite à quelques nuits glaciales, soit parce que leurs petits camarades traînent et refusent de laisser la place. Mais nous ne doutons pas d’un retour à l’ordre. Reste à savoir quand … et, comme nous avons choisi l’éducation positive, nous respectons leurs rythmes … et peut-être qu’ils se feront beaux si vous venez le 13 mai…