La farandole des légumes à rentrer est bien entamée. L’hiver est dans nos frigos même si la nécessité de rentrer nos légumes vient plus du fait de les protéger des mulots que du froid… D’ailleurs, le basilic se fait à nouveau en bouquet puisqu’il pousse au lieu de noircir. Dire que certaines années on n’en voit plus à partir du 15 août puisque les nuits sont trop fraîches et trop humides pour lui. Mais, cette année, il fait le fier, paradant devant les courgettes mortes, bouillie informe de feuilles desséchées… Donc nous en profitons allègrement. Même si cela devrait nous inquiéter, il semblerait que nous réussissons à plier le temps à notre façon de voir la météo : une vie où les tomates poussent à l’infini. Sommes-nous prêts à en payer le prix ? Je crois que nous attendrons la dernière relance, voire les huissiers pour nous bouger… Mais, en attendant, nous sommes cigales et croquons la tomate plutôt que le chou. Donc une année bien étrange qui met le bazar dans notre planning. L’hiver oublie de venir. Les arbres se croient en été et l’herbe n’en finit pas de pousser, faisant disparaître quelques légumes en son sein. Je crois qu’il faudra oublier la chicorée rouge cette année, notre temps étant réservé aux tomates. Le persil, qui a refusé de nous faire des feuilles de mai à août, vit sa meilleure vie. Les aubergines, bien que leur feuillage soit sur le déclin, offrent encore des fruits en continu. Est-ce parce que nous avons décalé une partie de la plantation ? Est-ce juste le temps ? Il faudra quelques années de notation pour réactualiser nos schémas et distinguer l’exceptionnel de ce qui pourrait devenir une habitude.
Bref, à force de vouloir faire de la soupe avec les courgettes, notre pensée a plié le temps. Mais peut-être dis-je cela parce qu’il va maintenant falloir désirer nos choux qui n’en peuvent plus de voir leur entrée en scène reculer…
Et belle semaine à tous !