Ce qu’il y a d’agréable en ce moment quand nous quittons les champs le samedi, à 5h du matin, c’est de voir le jour déchirer le ciel. Sur l’autoroute, l’or pâle s’étale à l’horizon et le bleu nuit se dilue pour devenir pastel. Sur Paris, le Sacré Cœur se découpe sur des roses poudres, éclaboussé d’or. Juste trois petits mois à profiter de ces aurores, où l’électricité devient superflue, où nous voyons le sourire de ceux qui rentre se coucher.
Et si les nuages pluvieux, la semaine dernière, ont empêché le soleil de nous donner son spectacle à l’heure où nous nous retirons des champs, irisant l’eau et donnant à l’air des milliards de paillette, nous gardons en tête ces beaux moments pour les heures où l’eau s’égoutte une à une sur notre dos, semblant noyer les bons moments. Nous savons qu’après la pluie, le soleil brillera. Nous savons que les heures à sentir les gouttes partiront sous la caresse d’un rayon. Nous savons que nos semis fendront la terre pour grandir et nous ne doutons pas pour l’herbe qui suivra le même chemin, avec la même envie de vivre…
Alors nous trichons parfois… en mettant nos graines en motte avant de les replacer dans le champ plutôt que de laisser l’Univers œuvrer pour nous. Nos potirons ont déjà 20 cms d’avance sur l’herbe étouffeuse de légumes et nous trichons doublement en mettant nos petites bâches à leurs pieds.
En somme, tout est bon pour gagner et profiter des couchers de soleil adossés au pommier plutôt qu’à notre binette…
Merveilleuse semaine