De l’absence par ici avec l’annonce impromptue de l’opération à cœur ouvert de Carlos.
Quinze jours à organiser pour que le problème reste celui de la santé et ne déborde pas dans les champs. Quinze jours à savoir que nous pouvions le faire avec les moyens du bord au risque d’exploser en plein vol durant l’été à force d’avoir tiré sur la corde auparavant. Parce que nous aurions pu en allongeant encore le pas, en supprimant le côté agréable de certaines tâches et en condensant tout.
Et puis la réflexion de quelqu’un d’extérieur à nos champs : « c’est incroyable, à chaque fois que vous trouvez un rythme où vous pouvez ralentir et en profiter pour du perso, il y a un choix à faire entre remettre un coup de collier ou lâcher en demandant à l’extérieur, comme pour mettre à l’épreuve la croyance que l’agriculture n’est qu’une vie de labeur… ».
Parce que, si semer, désherber, voir l’aube et le crépuscule la même journée dans les champs, récolter, rire de voir le collègue s’enfoncer jusqu’au genou dans la boue, avoir mal au dos, traîner les caisses de poireaux qui font le poids d’un âne mort, entendre le coucou en ayant une pièce au fond de sa poche, goûter la première fraise et rester penché des heures au-dessus d’elles ensuite, font le sel de notre métier, il n’y a pas que ça. Il y a conduire les enfants à l’école, goûter avec eux à 17h, profiter d’une séance au cinéma, courir Paris pour voir une expo, les déjeuners radio copine qui traînent, courir à l’aube ou aller en salle de sport le soir, tricoter quand les doigts sont trop froids à la mâche devant le poêle, les fesses au fond du canapé. Parce que tous ces moments nous permettent d’aimer chaque feuille de salade et de se dire qu’il faut pousser plus loin certains soirs ou entendre le premier rossignol au printemps. Adorer son métier est un luxe que nous avons et JE décide de garder ce trésor en profitant d’autres horizons, parfois, avec délice car en saupoudrer son quotidien est un péché mignon qui me fait aimer les jours de pluie.
Je remercie donc cette personne qui m’a motivée à rassembler nos troupes plutôt que de forcer parce que c’est ainsi qu’on m’a appris. Nous remercions Ryan, Nelson et Bacary d’avoir répondu présents. Et que la joie opère pour préparer la saison prochaine… car il est déjà temps de semer nos Précieuses Tomates…
Belle semaine à tous !