Souvent on nous dit que nos légumes sont un goût inimitable.
La terre en est certainement la responsable, mais nous aimons croire que ce sont toutes les histoires qu’ils entendent.
Parce que, mine de rien, nous passons des heures et des heures courbés sur nos légumes. Parfois seul, et il n’est pas rare de nous entendre soliloquer. Souvent en binôme, donc nous papotons de façon plutôt intimiste. Quelquefois en meute pour les gros travaux et les conversations se nouent au gré des croisements dans les rangs.
Il y a Alberto qui susurre à l’oreille de Jaja (le chien) la façon dont il le mangera, frictionné à l’huile d’olive avec de petites patates autour. Nous entendons les derniers résultats de foot ou des JO. De grandes questions existentielles planent. Les histoires de cœur. Des questions indiscrètes. De bonnes nouvelles. Des personnes qui meurent. Des rires. Des idées de goûter (souvent lancé par Alberto). Des râles de douleur. De l’agacement quand nous nous faisons encore arroser. De la « déprimitude » quand le bout du rang n’arrive pas. De la joie quand le carré est, enfin, fini.
Bref, nos légumes prennent le meilleur de notre terre, mais sont bercés par nos murmures, abreuvés de nos petits bonheurs et affinés sous notre amour.
Ce qui donne un goût inimitable…
Bonne semaine…