Cette semaine avait la saveur de l’anticipation. La belle saison est à bout de doigts mais nous ne faisons, encore, que l’effleurer. Malgré la chaleur qui nous entoure en serre, laissant nos manteaux à ses portes (même si j’ai vu Bacary avec son bonnet en bottelant les radis !), malgré les tomates qui sont plantées, malgré les grenouilles qui sont enfin sorties de leur mutisme, malgré le bruit du réveil remplacé par le chant des oiseaux car la lumière commence à déchirer la nuit aux aurores. L’excitation de chercher où faire rentrer tous ces plants (d’ailleurs, il faudra semer à nouveau du persil car, là où il est planté, il y a les poivrons et aubergines de prévus…). Se promener partout dans le champ, une pièce au fond de la poche en espérant que le premier chant de coucou entendu nous rendra riches. Surveiller les premières fraises rouges pour le vœu rituel (bon, pour ma part, elle était plutôt rosée mais le goût du bonheur n’a pas de couleur). Bref, nous sommes assez nombreux pour ne pas courir et avoir encore le temps de faire ces petites choses délicieuses (écouter les grillons en fermant les serres, observer sa fille promener son cheval avec un gamin de la rue, prendre des photos de la lumière jouant sur les voiles, ou collectionner celles des arcs-en-ciel d’arrosage pour les compter en fin de saison), et nous savons que, bientôt, nous accélèrerons le rythme pour tout faire. Mais, à cet instant précis, notre place est juste merveilleuse… et je l’espère déteindra sur votre semaine…